mercredi 7 mai 2014

L'aide financière de l'Etat reconduite pour 2015-2016

 

« Le fonds d’'amorçage sera reconduit en 2015-2016, et le montant calibré pour que les communes qui connaissent de grandes difficultés » puissent sauter le pas, a affirmé le ministre mercredi sur France Inter.
« Le fonds d’'amorçage sera reconduit en 2015-2016, et le montant calibré pour que les communes qui connaissent de grandes difficultés » puissent sauter le pas, a affirmé le ministre mercredi sur France Inter. | AFP/PIERRE ANDRIEU


On s'’attendait à ce que l’'annonce vienne du chef du gouvernement. C'’est en tout cas ce qu’'avait laissé entendre, ces derniers jours, l’'Association des maires de France (AMF), promettant un arbitrage de Manuel Valls sur le financement de la réforme des rythmes scolaires mercredi 7 mai, à l'’issue du conseil des ministres.
C’'est son ministre de l’'éducation nationale et de l’'enseignement supérieur qui aura finalement donné la « bonne nouvelle » sur les ondes de France Inter, mercredi matin. Façon de dire qu’'un mois après son installation rue de Grenelle, Benoît Hamon s’'est bel et bien emparé du dossier qui a coûté son poste à son prédécesseur.
« Le fonds d’'amorçage sera reconduit en 2015-2016, et le montant calibré pour que les communes qui connaissent de grandes difficultés » puissent sauter le pas, a-t-il affirmé, sans avancer de montant précis. « Nous allons l’'apprécier, a-t-il ajouté, en fonction de [ce qui se passe] cette année ». Une année qui doit voir les 24 000 communes possédant une école revenir, toutes, à la semaine d'’école de quatre jours et demi, en autorisant celles qui butent sur la réforme –(6 %, selon les estimations de la rue de Grenelle) à « assouplir » son cadre pour trois ans, avec des « expérimentations » permettant par exemple de regrouper les activités périscolaires sur une demi-journée.
« COUP DE POUCE »
L’'effet de surprise est relatif : dès son discours de politique générale, le 8 avril, Manuels Valls avait déclaré avoir « entendu les remarques de bonne foi des élus » sur leurs difficultés à sauter le pas. A l'’automne dernier, son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault s’était engagé auprès de Jacques Pélissard, président de l'AMF, à reconduire l’'aide consentie pour l’'année scolaire 2013-2014 à l'’année 2014-2015, en la faisant passer de 250 à 360 millions d'’euros.
Soit 50 euros par enfant et par an – pour un coût moyen du changement de rythmes estimé généralement au triple –, 90 euros dans les communes en difficulté, auxquels s’'ajoutent une cinquantaine d'’euros versés par les caisses d’'allocations familiales. Un « coup de pouce » pas toujours suffisant pour mettre en place trois heures d’'activités périscolaires en plus chaque semaine, en contrepartie d'’un retour à l’'école une matinée supplémentaire.
Lire l'entretien avec Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France : Rythmes : les enseignants doivent « cesser de raisonner en fonction de leur confort »
LE GOUVERNEMENT PRÊT À DES CONCESSIONS
En 2013, l’'enveloppe initiale aura été aussi peu incitative qu’'utilisée : quelque 4 000 communes seulement (17 %) ont mis en musique les nouveaux rythmes il y a huit mois. Difficile, dans ces conditions, de ne pas renouveler le geste à l'’égard des 20 000 autres contraintes de se ranger sur la ligne de départ en septembre 2014, alors que, selon une enquête rendue publique à l’'automne, les deux tiers des villes pionnières ont rencontré des difficultés financières. Et que la demande d'’un « libre choix » est régulièrement mise en avant par l'’UMP et des villes de droite, certaines, comme Marseille, réclamant même un « moratoire ».
Dans un contexte de baisse des dotations, le gouvernement, bien résolu à tourner la page de la « semaine Darcos » de quatre jours, semble prêt à pas mal de concessions. Les élus, pourtant, n’'étaient pas présents, lors du Conseil supérieur de l'’éducation (CSE) convoqué lundi 5 mai, pour exprimer leur relative satisfaction. Boycott ? Façon de faire « monter la pression » ? Plutôt « un concours de circonstances », confie-t-on dans les couloirs de l’'AMF, alors que la plupart de leurs représentants ont été battus aux élections municipales... Sans leur soutien, le CSE, dont l’'avis est purement consultatif, a rejeté par 31 voix contre, 27 absentions et seulement 3 votes favorables, le texte sur les expérimentations. Le décret Peillon, en janvier 2013, avait fait à peine mieux (5 voix pour), signe que sur la question des rythmes, le consensus reste à trouver.
D’'autant qu'’il n'’est pas dit que l’'annonce faite, ce jour, par Benoît Hamon suffise aux collectivités : c’'est un fonds d’'amorçage « pérennisé » que ne cesse de réclamer l’'AMF, et pas seulement une aide reconduite « pour un an », comme l’a dit le ministre. Du côté des maires ruraux de France, dont l’'association (AMRF) vient de rendre public un guide sur Le maire et l’'école, on ne transige pas sur le caractère obligatoire de la réforme… en réclamant qu'’il n’'y ait pas de date butoir.
 
Source : Le Monde.fr | • Mis à jour le |Par